L’autre jour, j’ai entendu une phrase qui m’a traversée : «On nous a fait croire que le plaisir, c’était pour après. Après les enfants. Après le boulot.
Après les autres. Et si c’était pour maintenant ?» Céline Nussbaum le sait bien. Elle est sexologue, mais surtout femme, maman, humaine. Elle parle sans détour du plaisir féminin et de charge mentale sensuelle. Dans un monde où on demande aux mères d’être douces, efficaces, disponibles, mais pas
trop « sexuelles », elle nous invite à reprendre notre droit au plaisir. Sans honte. Sans filtre. Et ça fait du bien.
Le plaisir, pour moi, aujourd’hui, c’est presque un acte militant. C’est choisir d’écouter son corps dans un monde qui nous pousse à vivre dans la tête. C’est ralentir quand tout nous pousse à accélérer. C’est une présence à soi. Il ne s’agit pas seulement de sexe ou d’orgasmes — même si on ne va pas se mentir, c’est sympa aussi — mais de tout ce qui nous reconnecte à notre vivant. C’est cette sensation profonde de se retrouver. Pas pour être performante, pas pour cocher une case, mais juste pour être bien. Pleinement, sensuellement, joyeusement bien. Aujourd’hui, le plaisir, c’est écouter mon corps avant qu’il ne crie. C’est choisir un vêtement qui me fait du bien, pas juste qui “va avec tout”. C’est danser dans ma cuisine, seule, parce que ça me traverse. C’est aussi oser dire non sans culpabiliser, et dire oui avec tout mon coeur et mon corps quand c’est juste. C’est arrêter de se demander si on “mérite” une pause, une sieste, une caresse. Le plaisir, ce n’est pas une récompense après la performance. C’est une façon de revenir à soi, ici et maintenant. Il y a quelque chose de profondément politique à se réapproprier ce droit-là, surtout quand on nous a tant appris à le mettre entre parenthèses et à prioriser les autres avant nous-même. Le plaisir, c’est une base, une boussole. Quand on se reconnecte à lui, on se reconnecte à soi.
C’est une vraie réalité mais pas une fatalité. Le problème c’est la façon dont on nous parle du désir. On nous vend l’idée qu’il doit être constant, spontané, enflammé, alors que la vérité, c’est qu’il est sensible, intelligent, et qu’il s’adapte à notre vie, notre fatigue, nos hormones, notre environnement. Après un accouchement, il se passe un vrai séisme dans le corps et le cœur. On devient autre. Maman, oui, mais aussi plus fatiguée, plus sollicitée, plus tiraillée.Le désir, dans ce contexte, peut devenir plus discret, plus capricieux, voire carrément muet. Et c’est normal. Mais là où ça coince, c’est qu’on a tellement peu de récits autour de ça, qu’on finit par croire qu’on a un problème, qu’on est “cassée”. Alors on culpabilise. On se dit qu’on n’aime plus, qu’on est « moins femme ». Et parfois, on s’en veut même d’avoir besoin de temps ou d’espace. Mais spoiler alert : TU N’ES PAS CASSÉE. Ton désir n’a pas disparu, il s’est juste mis à parler une autre langue. Il a peut-être besoin de toucher, de lenteur, de regard tendre. Il a besoin de contexte, de sécurité, de connexion. Et bonne nouvelle, ça s’apprend, ça s’ajuste, ça se réinvente.
La question mérite qu’on s’y attarde, parce qu’elle touche à quelque chose de très intime. Quand on devient mère, on entre dans une forme de service continu : mental, émotionnel, logistique. On pense pour deux, trois, quatre. On anticipe, on organise, on gère. Et dans tout ça, où est la place pour l’envie ?
Ajoutons à ça les fameux “il faut” et “je dois ”Et là, on n’est plus dans le désir. On est dans la performance, dans l’anticipation, dans la pression. Quand ton cerveau passe sa journée à planifier, organiser, consoler, vérifier… il ne reste plus beaucoup d’espace mental pour le fantasme, l’abandon ou la sensualité. Alors oui, on peut avoir envie, même quand on est maman et fatiguée — mais pas sur commande. Il faut pouvoir déposer cette charge. Revenir à soi. Se demander : De quoi j’ai besoin là, maintenant ? Un câlin ? Un bain ? Du silence ? De la tendresse ? Le désir revient quand on arrête de le traquer comme une preuve de normalité. Il revient quand on l’autorise.
Mon plus grand déclic, ça a été de comprendre que mon désir ne vient pas d’une obligation conjugale ou d’un fantasme social, il vient de moi. Je n’ai pas à l’attendre, ni à le mériter. Il m’appartient, il est à moi. J’ai longtemps cru qu’il fallait être « disponible », que le désir était un truc à offrir à l’autre. Et quand j’ai lu Emily Nagoski, ça a été une vraie révolution intérieure. J’ai compris que tout ce qu’on m’avait dit sur le désir féminin était biaisé : qu’il devait être spontané, permanent, orienté vers l’autre. Et en fait… non.. C’est un espace personnel et intime. J’ai compris que le désir, ça se cultive comme un jardin. Parfois il a besoin d’eau, parfois de silence. Et surtout : il ne ressemble pas à celui des films. Et c’est très bien comme ça. Et quand j’ai accepté ça, j’ai arrêté de me comparer. J’ai arrêté de croire qu’il y avait quelque chose à réparer. J’ai commencé à explorer, à jouer, à ralentir. C’est là que le plaisir est
revenu : pas comme une injonction, mais comme une liberté retrouvée.
Le plaisir est un guide merveilleux, mais pour qu’il nous parle, il faut d’abord lui faire de la place. Et ça commence par des petits gestes. Une pause. Un souffle. Un regard vers l’intérieur : Comment je me sens ? De quoi j’ai besoin ? Qu’est-ce qui me ferait du bien là, maintenant ? On n’a pas appris à se poser ces questions. On a appris à tenir, à faire, à anticiper. Mais le plaisir ne crie pas, il chuchote. Il demande du silence autour. Alors on commence doucement. On choisit une activité parce qu’elle fait du bien, pas parce qu’il “faut”. On prend un chemin différent pour rentrer, juste parce qu’il y a plus de lumière. On dit non à une sortie parce que notre corps demande du repos. Et petit à petit, on reconstruit un lien avec ce plaisir qui nous guide vers ce qui est bon pour nous, dans le quotidien, dans les relations, dans les choix de vie. Apprendre à écouter ces signaux, c’est commencer à se remettre au centre. Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est de l’auto-respect. Et ça peut vraiment tout changer : nos décisions, nos relations, notre façon de dire oui (ou
non), notre manière d’habiter notre vie. Le plaisir devient alors un filtre : Est-ce que ça me nourrit ? Est-ce que ça me connecte à moi ? Et si ce n’est pas un grand oui… peut-être que ce n’est pas pour moi.
À un moment doux, puissant, et sans pression. On va parler de désir et de plaisir bien sûr, mais également d’amour. Parce que souvent, on parle de libido comme d’un problème mécanique, alors que c’est un langage émotionnel, une soif de liens. Est-ce que je me sens aimée ? Vue ? Soutenue ? Est-ce que mon besoin de toucher, d’écoute, de présence est comblé ? Mieux comprendre comment on fonctionne, comment on aime, et comment on peut (re)créer du lien même quand le corps est fatigué. Pas de pression. Juste un espace où on peut souffler, poser ses questions, et repartir avec des clés concrètes et beaucoup de douceur dans le cœur. Un moment pour respirer, pour rire, pour se reconnaître les unes les autres.
Livres
Jouir en chœur et Je jouis comme je suis – Emily Nagoski
Réinventer sa vie intime après bébé – Camille Bataillon
Petit traité du désir – Pierre Dubol et Laura Stromboni-Couzy
L’intelligence intime – Margot Fried-Filliozat
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Retrouve Céline ici : https://sophrosexo.ch/ et sur les réseaux @celinenussbaum Et surtout… rappelle-toi que ton plaisir n’est pas un luxe. C’est une boussole.