Comment Rowan a arrêté ses règles

Sur la voie de la transition vers le statut d’homme, Rowan se confie sur son expérience de l’arrêt de ses menstruations. De la prise de décision aux effets secondaires positifs, il nous raconte tout…

Bon Sang : Pouvez-vous nous dire comment on met fin à ses règles ? 

Mes règles se sont arrêtées un mois après que j’ai commencé à prendre des hormones. Lorsque vous commencez à prendre de la testostérone comme traitement hormonal substitutif (THS), l’un des effets secondaires est l’arrêt des règles ce qui est bien sûr ce que je souhaite pour que mon identité sexuelle puisse être affirmée et légitimée. Si je devais arrêter les hormones pour une raison quelconque, mes règles reviendraient comme avant.

Bon Sang : Est-ce qu’il y a des effets secondaires ?

Rowan: Les effets secondaires de la prise de testostérone sont l’augmentation de la pilosité corporelle et de la gravité de la voix, l’augmentation de la libido et depuis que mes règles ont cessé, je dois veiller à ce que mon niveau de testostérone ne soit pas trop bas ou trop élevé sinon je pourrais avoir un excès d’œstrogéne ce qui signifie que l’excès de testostérone se transforme en œstrogène inversant ainsi mes résultats. La sécheresse vaginale en est un autre et il se peut que vous deviez investir dans un lubrifiant pour vous assurer que votre moitié inférieure est bien soignée

Bon Sang : Quels sont les avantages et/ou les inconvénients de l’arrêt de vos règles ?

Rowan : Les points positifs  sont évidemment de ne plus avoir ses règles mais cela signifie aussi pour moi que je suis sur la voie de devenir l’homme que j’ai toujours voulu être. En revanche, je dirais que c’est un peu angoissant de devoir s’inquiéter de mon niveau d’hormones car s’il est trop élevé, mes progrès peuvent être interrompus et mes règles peuvent revenir, mais s’il est trop bas, il n’y a pas de changement, ce qui est ma plus grande crainte. Globalement, les hormones de substitution ne doivent pas être prises à la légère car une fois que vous commencez, vous devez être SURE à 100% car rien ne reviendra jamais à la normale si vous arrêtez. J’ai aussi remarqué que j’ai dû dépenser de l’argent pour acheter des produits d’hygiène supplémentaires, comme un déodorant plus fort ou une eau de Cologne dont je n’avais d’ailleurs aucune idée du coût exorbitant.

Bon Sang : Quelle a été votre expérience durant cette période ?

 Rowan : Mon expérience globale a été  incroyable  mais aussi très enrichissante. J’ai dû apprendre à m’aimer et à m’accepter pour ce que je suis vraiment et à ne pas me soucier de ce que les autres pensent, mais je suis heureux d’avoir fait la transition même si j’ai eu quelques soucis.

"Je n'avais aucun doute."

Bon Sang : Avez-vous eu des doutes avant de le faire ? Etait-ce effrayant ? En avez-vous parlé à votre famille avant ou avez-vous pris les choses en main ?

Rowan : Je n’ai pas vraiment eu de doutes. La seule chose qui me faisait peur était la réaction de ma famille ou ce qu’ils diraient parce qu’ils sont pour la plupart conservateurs et quand ils ont appris, il y avait beaucoup d’opinions mitigées par rapport à ma transition. Mais j’ai pris la décision tout seul je n’ai pas vraiment demandé à qui que ce soit si je devais le faire ; je l’ai juste fait parce que je suis le seule à savoir ce qui est le mieux pour moi au bout du compte et ma seule crainte était de vivre ma vie dans le mensonge.

Bon Sang : Est-ce que vos amis ou votre famille vous ont dit quelque chose ? Avez-vous eu des remarques négatives lorsque vous avez cessé d’avoir vos règles ?

Rowan : Mes amis étaient tous heureux pour moi et avaient des retours positifs à mon égard parce qu’ils savaient combien c’était traumatisant pour moi d’être réglée. Pour ma famille, c’était un peu différent. Ma mère ne savait pas si c’était une bonne chose ou non car elle était encore dans le processus de compréhension de mon identité sexuelle et du début de ma transition. Tous les autres membres de ma famille étaient  indifférents, ils faisaient comme s’ils ne remarquaient aucun changement parce qu’ils n’avaient pas soutenu ma transition ou mon coming out en tant qu’homme

Bon Sang : Enfin, quel est votre conseil pour les hommes transgenres qui veulent arrêter leurs règles ?

Rowan : Mon conseil aux hommes transgenres qui n’ont pas encore fait leur transition, c’est que c’est différent pour chacun. Je sais que nous voulons tous savoir comment ça va se passer et que nous allons peut-être même regarder des vidéos d’autres hommes transgenres sur YouTube mais ce qui peut prendre deux mois à quelqu’un pour voir un changement peut prendre une année entière à quelqu’un d’autre. La patience est donc la clé. Et oui, cette période peut rendre quelqu’un très dysphorique et mal à l’aise ; il faut toujours se rappeler qu’un jour, ce moment disparaitra. Il est également important de noter qu’il est normal de ne pas vouloir précipiter sa transition car beaucoup de choses entrent en jeu et vous devez faire la transition au rythme qui vous convient et ne pas vous préoccuper de ce que pensent les autres.